Recherche

Haïti :1950-2025,un long combat pour les droits des femmes

Le 25 novembre 1950 marque une étape décisive dans l’histoire d’Haïti, pour la première fois les femmes haïtiennes obtiennent le droit de vote, après des années de lutte acharnée menée par des militantes engagées.

Cette victoire, acquise sous la présidence de Paul Eugène Magloire, représente un tournant dans la reconnaissance de la citoyenneté féminine et leur participation à la vie politique du pays. Mais 75 ans plus tard, où en sommes-nous ?


Un droit acquis, mais une représentation bafouée, si le droit de vote est désormais acquis, la participation des femmes dans la sphère politique reste insuffisante.


La Constitution haïtienne prévoit un quota de 30 % de femmes dans les postes électifs et administratifs. Pourtant, les gouvernements successifs n’ont jamais appliqué cette mesure. Malgré leur engagement dans la vie sociale, économique et politique du pays, les femmes continuent d’être marginalisées dans les décisions qui façonnent l’avenir de la nation.


Heureusement, plusieurs femmes haïtiennes ont marqué l’histoire par leur combat pour l’émancipation et l’intégration des femmes dans la société :


Yvonne Hakim-Rimpel (1917-1986), journaliste et militante féministe, fondatrice du journal La Voix des Femmes, a dénoncé les injustices faites aux femmes et a payé le prix fort en étant victime de persécutions politiques.


Alice Garoute, cofondatrice de la Ligue Féminine d’Action Sociale (LFA) en 1934, a lutté pour le droit de vote des femmes et leur participation active à la vie publique.


Madeleine Sylvain-Bouchereau (1905-1970), sociologue et militante, a œuvré pour l’éducation des femmes et leur intégration dans l’administration publique.


Myrlande Manigat, intellectuelle et femme politique, a été la première femme candidate à la présidence d’Haïti et continue de plaider pour une meilleure représentation des femmes en politique.


Danielle Magloire, avocate et militante des droits humains, se bat sans relâche contre les violences faites aux femmes et pour l’application des lois protégeant leurs droits.


Violences sexuelles : les gangs armés imposent la terreur Au-delà de l’exclusion politique, les femmes haïtiennes font face à une réalité encore plus sombre : celle des violences physiques, psychologiques et sexuelles. Depuis plusieurs années, les gangs armés utilisent le viol comme une arme de guerre pour terroriser la population, soumettre des communautés entières et asseoir leur domination sur certains territoires. Des milliers de femmes et de jeunes filles ont été brutalisées, violées collectivement, réduites à l’esclavage sexuel, sans que justice leur soit rendue. Dans certains cas, ces agressions sont accompagnées d’une violence extrême : des victimes sont torturées, certaines brûlées vives, d’autres assassinées après avoir subi l’horreur.


Nous demandons justice pour toutes ces femmes et filles, victimes de la barbarie des gangs armés en Haïti. L’impunité dont bénéficient ces criminels ne peut plus durer. L’État haïtien et la communauté internationale doivent agir immédiatement pour protéger les femmes, traquer les responsables et mettre fin à cette terreur.


Un appel à l’action L’histoire nous rappelle que les droits ne sont jamais définitivement acquis. Aujourd’hui plus que jamais, il est urgent que la voix des femmes haïtiennes soit entendue et respectée. Le combat pour l’égalité et la justice doit continuer, car Haïti ne pourra jamais se reconstruire sans ses femmes. L’État haïtien a une responsabilité historique : il doit garantir une vraie représentation des femmes en politique, appliquer les lois de protection et mettre en place des mesures d’urgence pour secourir les victimes de violences sexuelles et traduire les coupables en justice.


Les militantes de 1950 ont ouvert une brèche dans un mur d’inégalités. À nous de faire en sorte que leur combat ne soit pas vain.


Clenie Guerlande THÉODORE Activiste sociale et politique.

Commentaires

Envoyer
Voir tous les articles