Le drame de Kenscoff, où Texon Mercy a perdu la vie dans l’exercice de ses fonctions, n’est pas un simple incident isolé. Il illustre une tendance devenue insoutenable : trop souvent, les forces de l’ordre tombent dans les pièges tendus par des groupes armés qui connaissent parfaitement le terrain et exploitent les failles d’un système sécuritaire affaibli par l’improvisation et le manque de stratégie.
L’État, une fois de plus, s’abrite derrière des communiqués et des déclarations officielles pour masquer son inaction. Or, il ne suffit pas de déployer des blindés, ni d’envoyer des unités d’élite en renfort, si l’adversaire parvient systématiquement à anticiper leurs mouvements, à exploiter leurs vulnérabilités et à retourner contre eux leur propre présence. La répétition des embuscades meurtrières prouve que la riposte policière reste largement réactive, sans plan préventif solide.
Chaque policier tombé dans ces conditions n’est pas seulement une victime d’un gang, mais aussi d’un État absent, incapable d’assurer une planification rigoureuse de la sécurité nationale. À Kenscoff comme ailleurs, l’improvisation coûte des vies. Derrière chaque drame, il y a une famille endeuillée, des collègues découragés, une population encore un peu plus livrée à l’angoisse quotidienne.
Il est trop facile pour les autorités de glorifier le courage des forces de l’ordre après coup, sans jamais interroger les choix politiques et administratifs qui ont permis de telles failles. Comment expliquer que, malgré la répétition de ces attaques, les mêmes schémas se reproduisent, et que l’État semble condamné à courir derrière les événements plutôt que de les devancer ?
Si les autorités persistent à gérer la sécurité comme un pompier qui accourt après l’incendie, alors la spirale de la violence continuera. Il est temps que l’État prenne ses responsabilités, investisse dans une stratégie de prévention, d’intelligence du terrain et de réorganisation de la PNH. Car à ce rythme, ce ne sont pas seulement les policiers qui paieront de leur vie, mais c’est la survie même de l’institution publique qui sera compromise.