Port-au-Prince, 19 septembre 2025
Le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) a une fois de plus démontré son penchant pour les décisions brutales et contestées. En révoquant Sterline Civil de son poste de Directrice Générale du Fonds National de l’Éducation (FNE) lors du conseil des ministres du jeudi 18 septembre, le CPT s’expose à de vives critiques et à un bras de fer juridique.
Dans une lettre adressée à la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif (CSCCA), Sterline Civil affirme que son limogeage viole ouvertement la loi portant création du FNE, laquelle stipule que le mandat du Directeur Général est fixé à trois ans. Elle n’a exercé que sept mois avant cette décision, prise sans motif formellement communiqué et sans procédure contradictoire.
Pour de nombreux observateurs, cette révocation traduit la dérive autoritaire d’un CPT qui, au lieu de consolider les institutions, les affaiblit par des décisions arbitraires. Le FNE, structure clé pour le financement de l’éducation nationale, se retrouve plongé dans une crise managériale qui risque de freiner ses missions essentielles : construction d’écoles, appui aux enseignants et soutien aux élèves défavorisés.
Refusant de se plier à ce qu’elle qualifie de coup de force politique, Sterline Civil a saisi la CSCCA pour faire annuler la décision. Elle dénonce une violation manifeste de la légalité républicaine et appelle à la protection des cadres compétents contre « l’arbitraire administratif ».
La révocation de Sterline Civil pourrait devenir un précédent lourd de conséquences. Si un mandat prévu par la loi peut être interrompu sur simple décision politique, c’est toute la stabilité de l’administration publique qui est menacée. Déjà critiqué pour son incapacité à endiguer l’insécurité et à restaurer la confiance citoyenne, le CPT accentue son discrédit en piétinant les règles élémentaires de gouvernance.
En tentant d’écarter Sterline Civil sans respect de la loi, le CPT se retrouve une nouvelle fois au banc des accusés dans le tribunal de l’opinion publique. La décision de la CSCCA sera décisive : soit elle confirme l’acte arbitraire du pouvoir, soit elle réaffirme que la légalité ne peut être sacrifiée sur l’autel des calculs politiques.