Depuis onze mois, la Mission multinationale de soutien à la sécurité (MMSS) est censée nous aider à sortir de l’enfer. Elle a été votée, soutenue, financée. Des dizaines de millions de dollars ont déjà été engagés pour équiper, former et déployer cette force internationale qui devait soutenir la Police nationale et reprendre le contrôle du territoire. Pourtant, onze mois plus tard, les gangs progressent, les massacres se multiplient, et la mission… brille par son absence.

Comment expliquer qu’une mission internationale soit déjà payée, grassement, sans jamais réellement intervenir ? Où sont les troupes ? Où sont les résultats concrets ? Où sont les zones sécurisées ? Les rapports diplomatiques s’enchaînent, les fonds circulent, mais sur le terrain, rien ne bouge. C’est une mascarade internationale financée sur le dos d’un peuple qui crie à l’aide.

Pendant que la MMSS empoche les millions, le Conseil présidentiel de transition (CPT) s’installe tranquillement dans ses privilèges. Voitures officielles, per diem en dollars, réunions climatisées, hôtels sécurisés. Les neuf membres du CPT et leurs entourages vivent à l’abri, alors même que la population survit sous les balles. Ils existent, ils fonctionnent, ils voyagent, ils perçoivent. Mais qu’ont-ils réellement changé depuis leur arrivée ?

Le peuple, lui, vit chaque jour une descente aux enfers. Il fuit ses maisons, enterre ses proches, vit dans des camps improvisés, sans eau, sans soins, sans espoir. Des centaines de milliers d’Haïtiens sont déplacés à l’intérieur même du pays. Les écoles ne rouvrent pas, les marchés ne fonctionnent plus, les services de base ont disparu. Et pourtant, ceux qui nous gouvernent agissent comme si tout était sous contrôle.

Le gouvernement nommé par le CPT ne fait pas mieux. Il multiplie les déclarations creuses, les promesses sans lendemain, les plans d’action jamais appliqués. On parle de redressement, de stabilité, de dialogue, mais tout cela sonne faux. Ce gouvernement transitoire est devenu un simple gestionnaire de l’immobilisme. Il ne gouverne pas. Il attend, tergiverse, et surtout, protège ses intérêts.

Ce silence face à la misère, cette indifférence face à la terreur, cette lenteur face à l’urgence sont une forme de trahison nationale. La MMSS, le CPT et le gouvernement touchent tous leur part. Mais aucun ne rend de compte. Aucun ne justifie pourquoi, malgré tous les moyens disponibles, la situation continue de se détériorer.

Aujourd’hui, la question est simple : pourquoi persister à financer ce qui ne fonctionne pas ? Pourquoi maintenir une mission qui n’intervient pas ? Pourquoi défendre un conseil présidentiel qui ne dirige rien ? Pourquoi payer des ministres qui ne produisent aucun résultat ? Le peuple haïtien mérite des réponses. Et il les mérite maintenant.

Ce n’est pas seulement une crise sécuritaire. C’est une crise morale, une faillite du leadership, une insulte au courage quotidien des citoyens ordinaires. On ne peut plus se contenter d’attendre. On ne peut plus continuer à regarder ceux qui encaissent pendant que d’autres enterrent.

Il faut dire la vérité : ceux qui prétendent nous diriger sont aujourd’hui les témoins passifs, parfois complices, d’un effondrement généralisé. S’ils ne peuvent rien faire, qu’ils le disent. Qu’ils partent. Mais qu’ils ne continuent pas à prétendre gouverner pendant que le peuple se vide de son sang.

L’Histoire retiendra ceux qui ont détourné le regard. Le peuple, lui, n’oubliera pas ceux qui l’ont trahi sous couvert de transition.