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Haïti : les étudiants s’organisent et lancent la PLEH, une plateforme nationale et diasporique inédite

Haïti : les étudiants s’organisent et lancent la PLEH, une plateforme nationale et diasporique inédite
Article / Société | 2025-08-22 | 659 Vue(s)

Port-au-Prince, 14 août 2025 - Il est à peine 11 heures du matin dans la capitale haïtienne. Sous un soleil déjà éclatant, des dizaines de jeunes, sac à dos sur l’épaule et cahiers en main, convergent vers Delmas 31. Tous partagent une même destination : le lancement officiel de la Plateforme des Étudiants Haïtiens (PLEH). Une première dans l’histoire récente du pays, un moment que beaucoup qualifient déjà d’« historique ».


Une atmosphère de matinée studieuse et militante


Le parvis qui accueille la cérémonie bourdonne d’activité. On y croise des étudiants en droit, en médecine, en sciences sociales, en ingénierie, mais aussi des jeunes artistes et chercheurs venus témoigner leur solidarité. Dans les couloirs, on discute, on débat déjà. L’air est traversé par un mélange d’enthousiasme et de gravité : chacun a conscience d’assister à la naissance d’un mouvement appelé à marquer l’histoire universitaire du pays.


Des banderoles aux couleurs sobres affichent le slogan :

« La voix des étudiants, une voix pour l’avenir ».

À l’intérieur, les organisateurs s’affairent. Les chaises sont installées, les micros vérifiés. Tout est prêt pour donner à cet événement la dimension solennelle qu’il mérite.


Une initiative sans précédent


La PLEH se présente comme la première plateforme rassemblant toutes les disciplines universitaires du pays et intégrant également les étudiants haïtiens vivant à l’étranger. Une initiative saluée par beaucoup comme une percée décisive dans un contexte où la jeunesse académique a longtemps manqué d’une structure unifiée pour porter ses revendications.


Pour Wesly Augustin, président fraîchement élu de la plateforme, la PLEH est « une réponse directe aux silences accumulés des autorités face à la crise qui frappe l’enseignement supérieur ». À ses côtés, Dieunet Erantus, vice-président, renchérit : « La jeunesse a besoin de s’organiser. Nous voulons que les étudiants, où qu’ils se trouvent, en Haïti ou dans la diaspora, aient un espace qui leur ressemble et qui les représente. »


Une date hautement symbolique : le 14 août


Le choix du jour n’est pas anodin. Le 14 août est l’anniversaire de la cérémonie du Bois Caïman, moment fondateur de l’insurrection des esclaves en 1791. Associer la naissance de la PLEH à cette date revient à inscrire l’initiative dans une continuité historique : celle d’un peuple qui, par l’unité et la détermination, a su renverser son destin.


La conférence centrale, intitulée « L’Héritage du 14 août 1791 : Et si la jeunesse haïtienne reprenait le flambeau ? », a donné le ton. Devant un auditoire attentif, plusieurs intervenants ont rappelé l’importance de l’histoire, mais aussi la nécessité pour la jeunesse de reprendre son rôle moteur dans la société.


Un sketch théâtral a reconstitué les grandes lignes du Bois Caïman, suivi de prestations musicales inspirées de la mouvance racine. Tambours et chants engagés ont emporté l’assemblée, transformant la salle en un lieu de mémoire et de célébration.


Une mission claire et ambitieuse


La PLEH affiche quatre grands axes :


porter la voix des étudiants auprès des autorités ;


attirer l’attention sur la crise de l’enseignement supérieur, marquée par la fermeture d’universités et des conditions d’études précaires ;


implanter des coordinations dans les dix départements du pays et dans la diaspora ;


promouvoir la participation des étudiants aux décisions nationales, dans un esprit de consultation et de responsabilité citoyenne.



« Notre avenir est en jeu », a lancé une étudiante en sciences politiques. « Si nous ne parlons pas, si nous ne nous organisons pas, personne ne le fera à notre place. »


Une mobilisation déjà en marche


À peine née, la PLEH revendique plus de 300 membres actifs. Les inscriptions se poursuivent et l’ambition est d’élargir rapidement ce réseau. Des démarches ont déjà été initiées pour créer des cellules dans le Nord, le Sud, l’Artibonite, ainsi que dans les grandes villes où les communautés étudiantes sont nombreuses.


Dans la diaspora, des contacts sont pris avec des associations d’étudiants haïtiens basés aux États-Unis, au Canada, en France et en République dominicaine. L’idée est de construire un vaste réseau transnational, capable de faire entendre la voix des étudiants haïtiens sur plusieurs fronts.


Une lueur d’espoir dans un contexte de crise


La naissance de la PLEH survient dans un contexte marqué par l’instabilité politique et la crise sociale. Les universités haïtiennes, souvent sous-financées, connaissent des interruptions de cours répétées. Beaucoup d’étudiants sont contraints d’abandonner leur formation faute de moyens.


Dans ce climat d’incertitude, la PLEH apparaît comme un souffle nouveau. Elle incarne une volonté d’organisation, de prise en main collective. Elle offre aux jeunes la possibilité de se regrouper autour d’une vision commune : faire de l’éducation un pilier central du redressement national.


« Les générations passées ont mené leurs combats. À nous maintenant de relever le flambeau », a conclu un étudiant en droit, reprenant l’idée maîtresse de la journée.


Un siège déjà symbolique


Le siège de la PLEH, situé au #47, Delmas 31, rue Garou Guinou, Port-au-Prince, est appelé à devenir le centre névralgique de ce mouvement. Les fondateurs envisagent d’y organiser des débats, des formations, mais aussi des consultations pour recueillir les doléances et les propositions de la jeunesse étudiante.


Entre fierté et responsabilité


À la sortie de la cérémonie, beaucoup affichaient un mélange de fierté et de gravité. La fierté d’avoir participé à un événement fondateur. La gravité d’avoir conscience des défis à venir.


Un jeune en génie civil résume l’état d’esprit : « Nous venons de poser la première pierre. Ce ne sera pas facile, mais c’est à nous de construire la suite. »


Un moment charnière


Le 14 août 2025 restera comme une date marquante pour l’histoire du mouvement étudiant haïtien. Avec la création de la PLEH, la jeunesse universitaire se dote pour la première fois d’une structure transversale et inclusive, capable de relier les campus du pays aux communautés étudiantes de la diaspora.


Dans un pays en quête de repères et de reconstruction, l’initiative résonne comme une promesse : celle d’une génération qui refuse le silence, qui choisit de s’organiser et qui entend, à sa manière, écrire un nouveau chapitre de l’histoire haïtienne.



Lire aussi : Sécurité : 143 soldats formés au Mexique accueillis par les autorités haïtiennes

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