Quarante-deux personnes ont été tuées à Labodrie, une localité de la commune de Cabaret, au nord de Port-au-Prince. Selon plusieurs sources, cette tuerie a été perpétrée par des membres de la coalition criminelle « Viv Ansanm », en représailles à l’assassinat de Vladimir, alias « Vlad », chef de gang de la zone. Le bilan humain, glaçant, témoigne une fois de plus du règne de la violence et de l’absence d’autorité étatique dans des territoires où les gangs imposent leur loi.
Comme souvent après une tragédie, les autorités haïtiennes se sont empressées de publier des communiqués de condamnation. Organisations locales, diplomates étrangers et partenaires internationaux ont eux aussi exprimé leur indignation. Mais au-delà des mots, rien n’indique que des mesures concrètes soient prises pour sécuriser la zone, protéger les survivants ou traduire les responsables en justice. Cette répétition de déclarations creuses nourrit le sentiment que l’État se contente de déplorer, incapable d’agir.
L’affaire de Labodrie met en lumière les failles béantes d’un pays où la police peine à intervenir, où les enquêtes judiciaires s’enlisent et où les populations abandonnées n’ont d’autre choix que de survivre entre la peur et l’impunité. Dans ce climat, chaque nouveau massacre devient non seulement un drame humain, mais aussi le reflet d’un État qui ne parvient pas à assumer sa mission première : protéger ses citoyens.