Port-au-Prince, 14 février 2025 – La commune de Croix-des-Bouquets vit sous tension. Le gang 400 Mawozo, dirigé par Wilson Joseph, alias "Lanmò San Jou", a intensifié ses représailles contre toute personne suspectée d’entretenir des liens avec la police. Une vidéo, rapidement devenue virale sur les réseaux sociaux, montre le chef du groupe criminel annoncer une chasse à l’homme ciblant ceux qu’il considère comme des informateurs.
Un climat de peur et de suspicion
Depuis cette déclaration, la situation sur le terrain s’est brutalement dégradée. Selon plusieurs sources, les hommes de 400 Mawozo effectuent des contrôles inopinés des téléphones des habitants. Un simple échange avec un policier ou la possession d’un contact jugé suspect peut suffire à sceller le sort d’une personne. Déjà, des cas de disparitions inquiétantes sont signalés, renforçant le climat de peur et de méfiance qui règne dans la commune.
Cette vague de répression s’inscrit dans une stratégie bien rodée : en instaurant la terreur, le gang cherche à museler la population et à empêcher toute coopération avec les forces de l’ordre. Ce modus operandi, qui rappelle les méthodes des groupes paramilitaires, témoigne d’un contrôle territorial de plus en plus affirmé des gangs sur certaines zones du pays.
Un précédent qui inquiète
L’initiative de 400 Mawozo n’est pas sans rappeler un autre épisode sanglant survenu récemment à Wharf Jérémie. En décembre 2024, Micanor Altès, alias "Wa Mikanò", chef du gang local, avait ordonné l’exécution de plus de 200 personnes. La raison ? Il les accusait de pratiquer la sorcellerie, affirmant qu’elles étaient responsables de la maladie de son fils.
Si le prétexte diffère, le schéma reste le même : une violence ciblée, une justice expéditive et une population prise au piège. L’impunité dont bénéficient ces chefs de gang ne fait qu’alimenter une spirale infernale où l’État semble incapable de reprendre le contrôle.
L’inaction de l’État, l’exil forcé des habitants
Face à cette nouvelle escalade de violence, les habitants de Croix-des-Bouquets se retrouvent livrés à eux-mêmes. Beaucoup tentent de fuir, abandonnant leurs maisons et leurs commerces, tandis que d’autres, trop démunis pour partir, vivent dans la peur permanente d’être la prochaine cible.
Pendant ce temps, l’État haïtien peine à réagir. Dépassées par l’arsenal des gangs et minées par le manque de ressources, les forces de l’ordre restent spectatrices d’un conflit où elles sont souvent les premières visées.
Dans cette guerre silencieuse qui se joue à Croix-des-Bouquets, une question persiste : combien de temps encore l’ombre des gangs continuera-t-elle de s’étendre sur Haïti sans réponse à la hauteur du danger ?