Dans une énième mise en scène politique, le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé s’est rendu ce lundi au siège de la Direction Générale de la Police Nationale d’Haïti (PNH). Objectif affiché : discuter des défis sécuritaires et renforcer les mécanismes de gestion administrative. Objectif réel ? Gagner du temps pendant que la situation sécuritaire du pays se détériore à vue d’œil.
Cette visite, largement relayée par les canaux officiels, s’inscrit dans une stratégie de communication bien huilée, mais qui peine à masquer la stagnation sur le terrain. Pendant que les gangs étendent leur emprise sur des portions entières du territoire, le gouvernement continue de multiplier les rencontres de haut niveau, sans jamais livrer les résultats attendus.
Lors de son passage, le chef du gouvernement a longuement évoqué la nécessité de moderniser les procédures de décaissement et de renforcer la gestion budgétaire de la PNH. Pourtant, les agents de terrain ne cessent de dénoncer les retards de paiement, les pénuries d’équipements de base, et l’improvisation qui règne dans les opérations de sécurité. L’« efficacité administrative » tant prônée semble plus théorique que réelle.
Le Premier ministre a également annoncé une concertation entre le ministère des Finances, celui de la Justice et la PNH. Une « concertation » de plus, pourrait-on dire, tant ces réunions se multiplient sans jamais donner lieu à des actions concrètes. Depuis plusieurs mois, les engagements gouvernementaux ne se traduisent ni en sécurité pour la population, ni en capacité renforcée pour la police.
Dans ce contexte, les annonces sur la « bonne gouvernance » et la « transparence » sonnent comme des formules creuses. Le pays ne manque pas de communiqués : il manque d’actes forts, de décisions courageuses, et d’un leadership capable de faire face à l’urgence nationale.
Pendant que le Premier ministre poursuit sa tournée des institutions, les Haïtiens continuent de fuir leurs quartiers, les écoles restent fermées, les hôpitaux sous tension, et la peur dicte encore la loi. Il ne suffit plus de « réaffirmer un engagement » : il faut enfin gouverner, ou céder la place.