Près de dix mois après son investiture le 25 avril 2024, le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) peine toujours à remplir sa mission. Chargé de stabiliser le pays, de restaurer l’ordre et d’organiser des élections d’ici février 2026, il semble pourtant dépassé par les réalités du terrain. L’insécurité s’aggrave, l’économie s’effondre, et la classe politique est plus divisée que jamais.
Un État fantôme face à la toute-puissance des gangs
Aujourd’hui, chaque quartier a ses propres lois, imposées par des gangs mieux organisés et mieux armés que les forces de sécurité. L’État ne contrôle plus qu’une partie du territoire national, et même dans ces zones, l’autorité publique reste fragile. La promesse d’une pacification progressive s’est révélée illusoire : les forces de l’ordre reculent, les gangs avancent.
Dans ce chaos, l’éducation est devenue un luxe. Des écoles ferment, des professeurs fuient, et des milliers d’enfants grandissent sans accès au savoir. L’économie, déjà en lambeaux, continue de sombrer : les entreprises ferment, l’inflation explose et la population s’enfonce dans la précarité.
Un Conseil divisé, un avenir incertain
Le CPT, composé de neuf membres, dont sept avec droit de vote – Smith Augustin, Louis Gérald Gilles, Fritz Alphonse Jean, Edgard Leblanc Fils, Laurent Saint-Cyr, Emmanuel Vertilair et Leslie Voltaire – et deux observateurs, Régine Abraham et Frinel Joseph, devait agir en urgence. Pourtant, après presque dix mois, aucune politique de sécurité efficace n’a été mise en place, aucun plan économique crédible n’a vu le jour.
Pire encore, les tensions internes au sein du Conseil paralysent toute initiative majeure. Chacun semble défendre ses propres intérêts, oubliant que l’objectif premier de cette transition est de remettre le pays sur pied et d’organiser des élections.
Et maintenant ?
Si, après presque dix mois, aucun progrès concret n’est visible, que peut-on espérer d’ici février 2026 ? Peut-on organiser des élections libres dans un pays où l’État n’existe plus que sur le papier ? Si rien ne change, cette transition risque de n’être qu’un échec de plus, un simple prolongement de la crise.
Le Conseil Présidentiel doit sortir de son immobilisme et prendre des décisions fortes. Car si l’histoire d’Haïti nous a appris une chose, c’est que lorsqu’un État échoue à protéger son peuple, ce dernier finit toujours par chercher d’atures alternatives.