L’attaque tragique du 24 décembre 2024 contre l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti (HUEH) ne peut être réduite à un simple incident isolé. Elle est l’expression brute d’un échec systémique où la défaillance des institutions publiques, combinée à l’insécurité généralisée, met en péril non seulement des vies, mais aussi l’espoir d’une société équitable.
Depuis mars 2024, l’HUEH, autrefois fleuron du système de santé publique, était plongé dans le silence et l’abandon. Les attaques de gangs avaient vidé ses salles, et aucune action concrète n’avait été entreprise pour le réhabiliter. Comment, alors, peut-on justifier l’ouverture d’un site si sensible sans un protocole de sécurité rigoureux ni une coordination avec les forces de l’ordre ?
La révocation du ministre de la Santé, Dr Duckenson Lorthe Bléma, est une réponse nécessaire, mais insuffisante. Elle ne saurait masquer les responsabilités collectives des autorités gouvernementales, qui n’ont pas su tirer les leçons des échecs passés. Révoquer un ministre ne répare pas les vies brisées ni ne garantit que de telles tragédies ne se reproduiront pas.
Ce drame doit être un point de bascule. Il faut repenser notre rapport à la gestion des infrastructures publiques, en particulier dans les secteurs aussi cruciaux que la santé. Réhabiliter l’HUEH ne doit pas être un simple acte administratif, mais un symbole fort de la volonté de reconstruire un système de santé accessible, sécurisé et digne.
Les engagements du Premier ministre pour soutenir les victimes et leurs familles sont louables, mais ne doivent pas se limiter à des annonces. La population attend des actions concrètes : justice pour les victimes, réouverture sécurisée de l’HUEH, et, surtout, une réforme structurelle qui mette fin à cette spirale d’abandon et de négligence.
L’attaque de l’HUEH est un appel à l’action. Si ce drame ne conduit pas à une refondation profonde, alors ces vies perdues auront été sacrifiées en vain.