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Répression officielle : enseigner en Haïti, c’est risquer sa peau

Répression officielle : enseigner en Haïti, c’est risquer sa peau
Éditorial / Éducation | 2025-05-20 | 64 Vue(s)

Le 18 mai 2025, pendant que le pays fêtait hypocritement les 222 ans de son drapeau, un professeur haïtien, Williamson Saint-Fleur, a été brutalement passé à tabac par des agents de la Police touristique (POLITOUR), en pleine cérémonie officielle, devant la Cathédrale Notre-Dame du Cap-Haïtien.


Il manifestait. Paisiblement. Il réclamait ce que tout enseignant mérite : un salaire digne, des conditions humaines, du respect. Il n’a ni insulté, ni agressé. Et pourtant, il a été jeté au sol, giflé, frappé, humilié.

Sous les yeux du public. Sous l'œil des caméras. Et surtout, sous l’indifférence glaciale des autorités.


Pendant ce temps, le président du Conseil Présidentiel de Transition, Fritz Alphonse Jean, lisait un discours sur la “réconciliation nationale”. Quelle réconciliation ? Quand un professeur devient la cible d’un État qui se sent menacé dès qu’un citoyen lève la tête ?


Cet acte n’est pas une erreur. C’est une politique. Un signal clair envoyé à tous ceux qui, dans ce pays, osent revendiquer. Ce n’est plus enseigner, c’est résister. Ce n’est plus revendiquer, c’est risquer sa peau.



Le plus grave n’est pas seulement l’agression. C’est l’après. Le silence. Le MENFP n’a pipé mot. Aucune condamnation. Aucune prise de position. Comme si un professeur pouvait être battu sans que cela ne mérite même une note de protestation. Ce silence est une trahison.


Quant à la PNH, fidèle à sa stratégie de façade, elle annonce une “enquête” et suspend “provisoirement” quelques agents. Une formule creuse, déjà entendue, jamais suivie d’effets. L’impunité est leur protocole. La violence, leur réflexe.


Ce qui s’est passé au Cap-Haïtien n’est pas un fait divers. C’est un signal de décomposition avancée. Un État qui tabasse ses professeurs est un État qui s’effondre. Il n’y a plus de pacte républicain, plus de colonne vertébrale. Juste un appareil de répression, effrayé par la moindre revendication, armé jusqu’aux dents contre sa propre population.


Mais si l’État a choisi d’écraser, le peuple doit choisir de se lever. Ce 18 mai doit marquer un tournant. Que chaque école, chaque syndicat, chaque citoyen lucide s’en souvienne. Ce qui est en jeu, ce n’est pas seulement le sort d’un professeur, mais l’avenir même de l’éducation, de la parole libre, de la dignité collective.


Trop, c’est trop. Haïti ne peut plus marcher à coups de bottes et de silence. Il est temps de transformer l’indignation en action.



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