Tous Société Politique Éducation Santé Justice Securité Banditisme International Culture Technologie Nécrologie

Port-au-Prince : Entrez dans le mauvais quartier, sortez sous les flammes

Port-au-Prince : Entrez dans le mauvais quartier, sortez sous les flammes
Éditorial / Société | 2025-03-27 | 80 Vue(s)

Quand chaque quartier de Port-au-Prince a sa frontière


Face à l'effondrement de l'État haïtien, des quartiers tels que Debussy, Canapé-Vert et d'autres zones emblématiques de Port-au-Prince se sont transformés en territoires autonomes. Ces micro-enclaves, nées d'un instinct de survie face aux attaques des gangs armés, s'organisent désormais selon leurs propres règles. Cependant, cette auto-défense citoyenne, bien qu'essentielle à la sécurité immédiate, engendre des risques supplémentaires pour ceux qui s'aventurent dans ces territoires.


L'un des plus grands dangers réside dans la méfiance généralisée. Toute personne étrangère à un quartier et incapable de prouver son identité est rapidement perçue comme une menace potentielle, voire comme un membre de gang. Dans ces zones où la justice populaire remplace l'État de droit, cela peut se solder par des conséquences dramatiques : lynchage collectif, passage à tabac et, dans certains cas extrêmes, l'exécution sommaire, souvent suivie d'une mise en scène macabre comme celle de corps brûlés sous des pneus enflammés.


L'absence de l'État : une spirale infernale

Cette situation est exacerbée par le désengagement total des institutions publiques. Ni la police nationale ni les forces armées ne disposent des moyens nécessaires pour reprendre le contrôle de ces quartiers. La population, abandonnée à elle-même, ne fait plus confiance à un État qui a failli dans ses fonctions les plus fondamentales.


Un besoin urgent de solutions globales

Le défi est de taille : comment rétablir la confiance et la sécurité dans un pays où chaque quartier se transforme en territoire autonome ? La réponse ne peut être simplement militaire. Elle nécessite une approche globale qui inclut un renforcement institutionnel, une réforme de la justice et un dialogue communautaire.


Le danger d'une telle fragmentation est évident : chaque quartier devient une entité isolée, régie par ses propres lois, ce qui renforce la division et alimente le cycle de la violence. L'heure est grave. Sans action rapide et concertée, ce modèle de survie pourrait se transformer en une désintégration totale du tissu social haïtien.


Crédit photo : Ayibopost


Accueil Archive Contact